Marché pétrolier : ce que prévoit l’AIE d’ici 2030

Le marché pétrolier mondial traverse une période de profonde transformation. Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), intitulé Oil 2025, offre un aperçu complet de l’évolution de l’offre, de la demande, du raffinage et de la dynamique des échanges pétroliers jusqu’en 2030. Il met en évidence plusieurs tendances importantes susceptibles de remodeler considérablement les marchés pétroliers mondiaux à moyen terme. En effet, les nouvelles perspectives prévoient que l’augmentation de l’offre mondiale de pétrole devrait largement dépasser la croissance de la demande dans les années à venir.

Un marché pétrolier en pleine transformation jusqu’en 2030

Selon l’AIE, la demande mondiale de pétrole continuera d’augmenter, mais à un rythme beaucoup plus modéré qu’auparavant. D’ici 2030, elle devrait croître de 2,5 millions de barils par jour (mb/j), atteignant un plateau autour de 105,5 mb/j. Cette décélération s’explique principalement par une croissance économique mondiale en deçà de la tendance, des tensions commerciales persistantes, des changements politiques et l’accélération de la substitution du pétrole dans les secteurs des transports et de la production d’électricité.

Le secteur pétrochimique, quant à lui, deviendra dès 2026 le principal moteur de la demande mondiale de pétrole. En 2030, un baril sur six sera utilisé par cette industrie, principalement sous forme de liquides de gaz naturel (LGN). Ainsi, alors que les usages traditionnels comme le transport routier s’essoufflent, la pétrochimie maintiendra une demande robuste, notamment aux États-Unis et en Chine. La demande issue des combustibles fossiles, qui exclut les matières premières pétrochimiques et les biocarburants, pourrait culminer dès 2027.

Capacité de production excédentaire et implications géopolitiques

Face à cette croissance modérée de la demande, l’offre mondiale devrait augmenter de manière plus soutenue, atteignant 114,7 mb/j d’ici 2030, soit une hausse de 5,1 mb/j par rapport à aujourd’hui. Cette augmentation est principalement due à la production accrue de LGN, particulièrement au Moyen-Orient et aux États-Unis. Par ailleurs, l’Opep+ ayant décidé de lever ses restrictions sur la production, une réorganisation des trajectoires d’approvisionnement est en cours. Toutefois, même si la production américaine ralentit, elle demeurera le principal contributeur à l’expansion de l’offre hors Opep+.

Cette offre excédentaire entraînera des conséquences géopolitiques significatives. Elle pourrait conduire à une baisse durable des prix du pétrole si la production actuelle reste inchangée. Ce déséquilibre pourrait fragiliser les budgets des pays producteurs. De plus, le raffinage mondial connaîtra une croissance limitée des produits pétroliers raffinés, atteignant son pic dès 2027. Des fermetures supplémentaires d’usines à coûts élevés sont prévisibles, notamment en Europe et aux États-Unis. Dans le même temps, le Moyen-Orient renforcera son rôle de plaque tournante des exportations pétrolières, accentuant encore davantage les tensions géopolitiques autour de l’approvisionnement énergétique.

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