L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié un rapport sur l’analyse du pétrole en 2023 et les prévisions jusqu’en 2028. Le document examine ainsi comment les efforts accrus des gouvernements en faveur d’un avenir à faibles émissions et les changements de comportement auront un impact sur les fondamentaux du marché pétrolier. L’AIE a exploré les défis et incertitudes à venir, notamment les investissements en amont, les sources de croissance de l’offre et l’évolution de la demande de pétrole. L’agence donne également un aperçu de la manière dont ces dynamiques changeantes affecteront le raffinage et les flux commerciaux.
Les marchés pétroliers mondiaux se rééquilibrent
En 2023, les marchés pétroliers mondiaux tendent à se rééquilibrer progressivement, après 3 années turbulentes. En effet, ces dernières années ont été bouleversées par la pandémie de Covid-19 puis par la guerre russo-ukrainienne. Aujourd’hui, les prix de référence du pétrole brut sont de nouveau inférieurs aux niveaux d’avant-guerre.
Même si le marché pourrait se resserrer considérablement au cours des prochains mois, les réductions de production de l’Opep+ tempèrent la hausse de l’offre mondiale. Les projections de l’AIE indiquent que les principaux producteurs de pétrole vont maintenir leurs plans de renforcement des capacités, même si la croissance de la demande ralentit. Une réserve d’une capacité d’au moins 3,8 millions de barils par jour (mb/j) devrait permettre aux marchés pétroliers mondiaux d’être correctement approvisionnés. Les perspectives de l’offre et de la demande de pétrole sont donc en voie d’amélioration d’ici 2028.
Les investissements mondiaux dans l’amont pétrolier et gazier sont en passe d’atteindre leurs plus hauts niveaux depuis 2015. Avec une croissance de 11 % en 2023, ils atteindront ainsi 528 milliards d’USD, contre 474 milliards d’USD en 2022. Même si l’impact de l’augmentation des dépenses sera partiellement compensé par l’inflation des coûts, ce niveau d’investissement serait suffisant pour que l’offre réponde à la demande de pétrole sur le moyen terme.
La demande mondiale progresse et devrait atteindre un pic
D’ici 2028 et sur la base des politiques actuelles, la croissance de la demande mondiale de pétrole devrait ralentir sensiblement. En effet, les améliorations de l’efficacité et les changements de comportement vont freiner le rythme de la croissance. Ainsi, la consommation ne dépassera les niveaux de 2019 qu’en 2027.
Cependant, la consommation globale de pétrole va continuer de croître et un pic de la demande se profile à l’horizon. L’AIE estime que la demande mondiale augmentera de 6 % entre 2022 et 2028 pour atteindre 105,7 mb/j. Les secteurs de la pétrochimie et de l’aviation soutiennent cette croissance.
La demande de pétrole provenant de combustibles fossiles est en passe de culminer à 81,6 mb/j en 2028. La croissance devrait cependant s’inverser après 2023 pour l’essence et après 2026 pour l’ensemble des carburants destinés aux transports. Ces tendances sont le résultat d’une réorientation vers des sources à plus faibles émissions, déclenchée par la crise énergétique mondiale. Les politiques d’amélioration de l’efficacité énergétique et la croissance rapide des véhicules électriques vont aussi dans ce sens.
L’activité des raffineries et le commerce bouleversés
L’AIE prévisionne que la majeure partie de l’augmentation de la production de brut et de condensat proviendra du bassin atlantique. L’hémisphère occidental, et en particulier les Amériques, sera le principal fournisseur supplémentaire de pétrole sur les marchés mondiaux. Les exportations seront en hausse de 4,1 mb/j d’ici à 2028.
Cette évolution des flux commerciaux vient s’ajouter aux 2,5 mb/j de pétrole brut russe refoulés hors d’Europe et des pays du G7 en raison des embargos, qui s’écoulent vers l’est. L’absence d’exportations supplémentaires du Moyen-Orient en 2028 par rapport à 2022 et l’augmentation des besoins d’importation de l’Asie entraînent une augmentation constante des flux du bassin atlantique vers l’est de Suez.
La tendance dominante, tant pour le pétrole brut que pour les produits, est à l’augmentation des approvisionnements en provenance des Amériques et du Moyen-Orient vers l’Asie. Les ajouts de raffineries et la diminution de la production de brut réduisent le potentiel d’exportation de brut de l’Afrique d’environ 15 % au cours de la période de prévision, mais réduisent les besoins d’importation nette de produits de 10 %.
Sources :